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Caractéristiques et historique des inondations
L’agglomération toulousaine est exposée à plusieurs types d’inondations, aux caractéristiques différentes. Il s’agit principalement d’inondations par :
- Débordement de la Garonne et de l’Ariège ;
- Débordement des affluents : Hers-mort, Touch, Aussonnelle, Louge, Lèze … ;
- Ruissellement.
Des inondations peuvent également être causées par des remontées de nappe (phénomène d’ampleur limitée) ou par la rupture de barrages (probabilité très faible). Ces deux typologies sont abordées brièvement à la fin de cette page.
Certains termes techniques sont employés dans cette page. Retrouvez toutes les définitions dans la page Glossaire.
La Garonne et l’Ariège : rivières pyrénéennes aux crues puissantes
Mode de formation
Les crues de ces deux rivières se forment à la suite de précipitations importantes et longues (> 24h) sur le massif pyrénéen et ses contreforts et/ou à la suite d’une fonte rapide de la neige pyrénéenne.
Ainsi, il peut y avoir une forte crue de la Garonne et de l’Ariège sans qu’il y ait eu de fortes précipitations dans l’agglomération toulousaine !
Saisonnalité
Les crues de ces cours d’eau se forment quasi-systématiquement durant l’hiver ou le printemps. La fin du printemps est particulièrement à risque car il s’agit de la période la plus pluvieuse, ainsi que celle de fonte des neiges.
Dynamique
La Garonne et l’Ariège connaissent des crues violentes, pour deux raisons principales :
- La forme du bassin versant en “éventail”, qui favorise une convergence rapide et simultanée des crues des différents cours d’eau issus des Pyrénées et de leurs contreforts ;
- La proximité entre les Pyrénées et l’agglomération toulousaine, qui favorise une arrivée rapide de la crue.
Par conséquent :
- Le rythme de montée du niveau d’eau peut atteindre 50 cm/h à Toulouse ;
- Le temps de montée est compris entre une quinzaine et une quarantaine d’heures ;
- La durée de la décrue est de l’ordre de 1 à 3 jours. Certains secteurs en bord de Garonne peuvent toutefois rester submergés plus longtemps, parfois plus d’une semaine, s’ils sont situés dans un point bas, en raison de la remontée de la nappe phréatique durant la crue.
- L’ampleur des crues n’étant connue que quelques heures à l’avance, les autorités n’ont que peu de temps pour organiser les opérations de sauvegarde au regard du nombre d’enjeux impactés.
En comparaison, la crue de la Seine à Paris en juin 2016, jugée rapide par rapport aux crues habituelles de ce fleuve, a eu un temps de montée d’une semaine, avec un rythme de montée de 50 cm en 8h durant la phase la plus rapide de la crue !
Ampleur des débordements
De façon générale, la Garonne et l’Ariège sont assez encaissées au droit de l’agglomération toulousaine. Autrement dit, leurs berges sont souvent nettement plus élevées que la surface de l’eau. Par conséquent, les débordements sont limités pour des crues modérées à fortes, comme celle de janvier 2022 (période de retour 25 ans) : environ X% du territoire des communes traversées est inondable pour cette gamme de crue.
Cette configuration peut donner la sensation que les inondations sont un risque mineur pour le territoire. Ce sentiment est renforcé à Toulouse, où une grande partie de la traversée de la ville est protégée par des digues. Pourtant, lors des crues, même mineures, de nombreux agents municipaux et métropolitains sont mobilisés pour garantir le bon fonctionnement des ouvrages de protection, sans quoi certains quartiers (Saint-Cyprien notamment) se retrouveraient inondés.
En revanche, en cas de crue exceptionnelle, les débordements sont beaucoup plus conséquents. Ainsi, pour une crue similaire à celle de juin 1875 (période de retour comprise entre 200 et 500 ans), environ X% du territoire des communes traversées est inondable. Les communes situées à l’aval de Toulouse sont les plus exposées, avec une zone inondable s’étendant sur plus de 2 km.
De plus, environ X% du territoire se retrouverait exposé à un aléa « fort », c’est-à-dire une hauteur d’eau supérieure à 1 mètre et/ou à des vitesses d’écoulement élevées.
Pour une telle crue, les digues de Toulouse peuvent encore éviter l’inondation mais arrivent à la limite de la protection qu’elles peuvent offrir. De nombreuses évacuations préventives seraient donc nécessaires.
Le seul secteur faiblement impacté par une crue de cet acabit est le tronçon de Garonne très encaissé en amont de Pinsaguel (confluence Garonne-Ariège).
Pour visualiser les zones inondables, consultez la carte interactive.
Avant 1875, de nombreuses crues marquantes
Au cours des siècles passés, les communes riveraines, en particulier Toulouse, ont été confrontées à des crues dévastatrices de la Garonne, occasionnant à plusieurs reprises des décès par dizaines, des destructions d’habitations par centaines et des destructions de ponts.
Jules Chalande, historien et naturaliste toulousain, a recensé plus de 50 débordements meurtriers entre 1220 et la fin du XIXème siècle. Il est à noter que des décès ont pu être entraînés par des crues mineures, au regard de l’absence de mesures de prévention à cette époque.
18 « grandes crues »ayant engendré des dommages divers ont été recensées dans les archives entre le XVème siècle et la moitié du XIXème.
L’ampleur des dommages relevé pour plusieurs de ces épisodes s’explique par la violence des crues, mais aussi par l’absence de mesures de prévention, notamment :
- Absence de moyens de prévision ;
- Présence de nombreux bâtiments fragiles et activités économiques en zone inondable, sans ouvrage de protection (digue, renforcement de berge, …) ;
- Présence de nombreux “obstacles” dans le lit de la Garonne (moulins, bateaux-lavoirs, péniches aménagées, …), qui aggravaient la situation, en obstruant une partie du chenal d’écoulement de la rivière (conduisant à la hausse du niveau d’eau) et en venant percuter ponts et bâtiments lorsqu’ils se faisaient emporter.
La crue historique du 23 juin 1875 : « l’Aigat de la Sant Joan »*
* « Aigat de la Sant Joan » signifie « déluge de la Saint-Jean » en occitan.
À la suite de fortes pluies durant plus de trois jours, sur des sols gorgés d’eau, couplées à la fonte des neiges, la Garonne connut dans la nuit du 23 au 24 juin 1875 la plus forte crue observée de mémoire de toulousain.
Le niveau d’eau atteignit 8,32 m à l’échelle de mesure du Pont Neuf, alors que le niveau habituel de la Garonne y est de 0,80 m et que la plus forte crue observée depuis l’inauguration du pont en 1632 avait atteint 6,65 m “seulement”. Le quartier de Saint-Cyprien, coutumier des inondations en raison de son altitude basse, fut noyé sous plus de 3 mètres d’eau. La période de retour estimée de cet épisode est comprise entre 200 et 500 ans.
Le bilan humain et matériel est aussi le plus lourd enregistré : 209 victimes, plus de 1 100 habitations détruites et 25 000 sans-abris recensés sur la seule ville de Toulouse. Tous les ponts, hormis le Pont Neuf, ont été emportés par la crue. Le plan « Sirven » ci-après illustre la zone inondée et les bâtiments détruits.
Au-delà de Toulouse, c’est tout l’arrière-pays toulousain qui a été impacté par cette crue exceptionnelle. Un bilan fait état de 330 décès à l’échelle de la Haute-Garonne, 116 dans le Tarn-et-Garonne et 30 dans le Lot-et-Garonne. Plus de 2600 maisons auraient été détruites à l’échelle de la Haute-Garonne.
De nombreuses plaques, marques gravées et témoignages attestent de l’ampleur de cette crue sur le territoire. Ces « repères de crue » sont visualisables sur la carte interactive.
Depuis 1875, aucune crue majeure
La crue de juin 1875 est la dernière crue majeure observée sur la Garonne dans l’agglomération toulousaine. Au cours du XXème siècle et du début du XXIème, seules des crues modérées à fortes ont été observées, dont la dernière en date du 11 janvier 2022 (4,31 m à l’échelle du Pont Neuf).
Les cinq crues les plus importantes sur cette période, ayant dépassé 4 m à l’échelle du Pont Neuf, ont toutes une période de retour de l’ordre de 25 à 30 ans. Pour cette gamme de crue, les enjeux sont limités, en particulier à Toulouse où d’imposantes digues ont été érigées après 1875. Ce type de crue engendre néanmoins des dommages et peut représenter un danger pour la vie humaine en cas de comportement à risque.
L’absence de crue majeure et de désordres importants a donc conduit à une perte de la mémoire du risque. Pourtant, de nouvelles crues majeures se produiront à nouveau à l’avenir. De nombreuses mesures de prévention ont été prises pour réduire le risque, mais elles ne peuvent le supprimer totalement.
*Nota : Depuis 1875, les conditions d’écoulement de la Garonne ont changé. En effet, le lit de la Garonne s’est enfoncé et l’aménagement des bords de Garonne a été modifié. Par conséquent, une crue d’intensité similaire à celle de juin 1875 atteindrait aujourd’hui 7,60 m à l’échelle du Pont-Neuf. La crue centennale atteindrait quant à elle une hauteur de 5,60 m environ.
En raison de l’absence de crue majeure récente et de la forte croissance économique et démographique sur le territoire, de très nombreux enjeux ont été implantés en zone inondable.
À ce jour, une crue de la Garonne (et de l’Ariège) similaire à celle de 1875 impacterait, entre Muret et Saint-Jory, environ :
- 42 000 logements, pour 60 000 personnes ;
- 10 000 entreprises, pour 18 000 emplois ;
- 170 établissements sensibles (hôpitaux, EHPAD, écoles, casernes, …)
Le coût d’une telle crue pourrait atteindre 1 Milliard d’euros.
La ville de Toulouse concentre plus de 2/3 des enjeux recensés. La grande majorité de ces enjeux sont situés à l’arrière des imposantes digues de Garonne, ce qui doit permettre de limiter fortement les dégâts. Néanmoins, bien que ces digues soient régulièrement surveillées et consolidées, la défense n’est pas infaillible en cas de crue exceptionnelle.
Deux autres secteurs concentrent la majorité des enjeux restants :
- La zone de confluence Garonne-Ariège ;
- Le large champ d’expansion de crue de la Garonne à l’aval de Toulouse, entre Blagnac et Saint-Jory.
Sur ces secteurs, il n’existe pas d’ouvrage de protection contre les crues, hormis à Blagnac, pour protéger un quartier qui serait inondé pour des crues modérées en absence de protection.
L’absence d’ouvrage de protection sur ces secteurs s’explique en partie par le faible nombre d’enjeux exposés pour des crues modérées à fortes, pour lesquelles on dénombre :
- 200 logements ;
- 75 entreprises ;
- 3 établissements sensibles.
Une carte de localisation des enjeux est disponible sur la page Chiffres-clés.
Les ouvrages de protection ne sont qu’une solution de dernier recours, lorsque les enjeux existants en zone inondable sont nombreux et sensibles. Dans les autres secteurs, la priorité est de travailler sur des mesures de prévention.
Il s’agit en premier lieu d’adapter l’aménagement du territoire aux connaissances sur le risque : limiter l’exposition et la vulnérabilité de nouveaux enjeux en zone inondable, réduire la vulnérabilité des enjeux existants, maîtriser l’impact des aménagements sur les territoires situés à l’aval, … Des règles et prescriptions sont imposées à travers les Plans de Prévention des Risques inondation (PPRi).
Il s’agit également de se préparer aux épisodes inondations, en faisant connaître les bons comportements et en établissant des plans de gestion de crise à différentes échelles (commune, entreprise, école, maison, …).
Pour en savoir plus :
Les affluents de l’arrière-pays toulousain : des rivières plus modestes, mais des secteurs vulnérables
Mode de formation
Les crues de ces rivières se forment à la suite de précipitations importantes sur la majeure partie de leur bassin versant. Ces rivières prenant leur source à faible altitude (entre 300 et 500 m) dans les collines de l’arrière-pays toulousain, leurs crues ne sont pas influencées par la fonte des neiges.
Saisonnalité
Les crues de ces cours d’eau se forment principalement en hiver et au printemps, mais elles peuvent également apparaître en automne.
Dynamique
Les pentes des cours d’eau et de leurs versants sont moins importantes que celles de la Garonne et de l’Ariège, impliquant des crues moins puissantes. Elles sont néanmoins plus rapides, en raison de la petite taille des bassins versants concernés :
- Le temps de montée est compris entre une dizaine et une trentaine d’heures ;
- La durée de la décrue est de l’ordre de X à X jours.
Ampleur des débordements
L’extension des zones inondables est très variable selon les tronçons de cours d’eau considérés. Les spécificités du territoire sont :
- Une zone inondable très large le long du Touch en amont de Plaisance : jusqu’à plus de 2 km en cas de crue exceptionnelle, et plus de 1 km pour des crues modérées ;
- Une zone inondable large le long de l’Hers-mort entre Baziège et Labège : jusqu’à plus de 1 km, pour des crues exceptionnelles mais aussi pour des crues modérées ;
- Une zone inondable très réduite sur la partie aval des affluents de la Garonne en rive gauche, en raison de l’enfoncement de leur lit dans la basse terrasse de la Garonne ;
- Une zone inondable quasi inexistante le long de l’Hers-mort entre Labège et Balma, en raison d’un recalibrage très conséquent du lit mineur.
En cas de crue exceptionnelle, environ X% du territoire des communes traversées est inondable.
Pour visualiser les zones inondables, consultez la carte interactive.
Section en préparation
Section en préparation
Les inondations par ruissellement : un risque croissant encore mal appréhendé
Mode de formation
Les inondations par ruissellement se forment à la suite de précipitations très importantes, généralement sur des durées courtes (moins d’une heure suffit), lorsque l’eau de pluie ne peut plus être absorbée par le sol et les réseaux de gestion des eaux pluviales.
L’imperméabilisation des sols en milieu urbain (béton, bitume, …) favorise fortement ce type d’inondation. Néanmoins, les inondations par ruissellement peuvent aussi être observées en milieu rural, notamment lorsque les sols sont à nu. En effet, les sols nus sont susceptibles de former une croûte quasi-imperméable, appelée croûte de « battance ».
Saisonnalité
Ce type de phénomène peut apparaître toute l’année. Les épisodes les plus dangereux ont toutefois une probabilité plus forte d’apparaître entre la fin du printemps et le début de l’automne, période où sont observés les épisodes pluvio-orageux les plus intenses.
Dynamique
Les inondations par ruissellement sont extrêmement rapides. Elles apparaissent quasi-instantanément lors de l’épisode de pluie intense. Une fois l’épisode terminé, le délai d’évacuation de l’eau dépend de la capacité d’infiltration des sols et des réseaux de gestion des eaux pluviales et les moyens disponibles. Plusieurs jours peuvent être nécessaires pour évacuer totalement l’eau si de nombreux sous-sols ont été impactés.
Ampleur des inondations
Ce phénomène peut toucher de très nombreux secteurs, bien au-delà des zones habituellement inondables par débordement de cours d’eau. Néanmoins, les épisodes de pluie très intenses à l’origine des ruissellements sont généralement assez localisés. Ainsi, ils impacteront une commune ou quelques communes, contrairement aux débordements de cours d’eau, qui affecteraient de très nombreuses communes en cas de crue majeure.
Dans les zones pentues, l’eau peut atteindre des vitesses élevées, pouvant engendrer une érosion des sols (voire des coulées de boue) et emporter des objets, voire des personnes, même si la hauteur d’eau est faible.
Dans les zones plates, l’eau peut s’accumuler sur quelques dizaines de centimètres. Dans certaines conditions, la hauteur d’eau peut dépasser un mètre : cuvette, sous-sol, remblai obstruant un axe d’écoulement, …
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Pour aller plus loin
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